dimanche 19 septembre 2010

Le voyage à pied, apologie de la lenteur…

J’ai pas mal usé mes semelles sur les pavés du monde et ce à la seule force de mes jambes. J’ai traversé de vastes massifs montagneux, remontant d’abrupts versants sombres et sinistres mais j’ai aussi fait la sieste dans de chaudes prairies parsemées de fleurs alpestres. J’ai enduré tantôt la canicule, tantôt le froid polaire mais j’ai aussi réchauffé mon visage à la lueur d’un doux soleil printanier. J’ai défié la tempête un soir de bivouac mais je me suis aussi gavé du souffle du vent sur les crêtes. Je n’ai pu prédire quel serait mon gîte du soir mais j’ai eu pour chambre à coucher de féeriques sommets que le soleil couchant venait embraser. J’ai souffert de la solitude mais j’ai aussi fait la connaissance de pèlerins qui sont devenus d’inoubliables compagnons de route. J’ai connu la pluie battante des jours durant mais je me suis aussi enivré de l’eau de source, fraîche et cristalline. J’ai été fatigué, découragé, en colère mais j’ai aussi vécu d’intenses joies et de mémorables fou rires. J’ai pris le temps d’observer avec attention le défilé des nuages et j’y ai deviné de fantasmagoriques visages. J'ai surpris par instant des animaux sauvages dans leurs activités, leurs jeux ou leurs amours, émerveillé toujours d'y découvrir le gage que le monde est conçu sous un aimable jour. J’ai pris le temps de veiller tard le soir afin de mettre un nom sur chaque constellation qui ourle le satin de la voûte céleste. J’ai eu de franches et sincères discussions avec tous ces hommes qui habitent au bord du chemin et qui se tiennent encore à l’écart des considérations du monde moderne. Je me suis vu offrir le gîte, parfois le couvert et souvent de grands sourires et de chaleureuses paroles d’encouragement. J’ai écouté le souffle du monde et me suis mis au rythme de ses battements. J’ai été tantôt rapide, tantôt plein de lenteur, mais jamais je n’ai essayé de maîtriser la course du temps. Je l’ai simplement laisser s’écouler et faire ce travail dont il est le seul maître d’œuvre : l’épanouissement !