jeudi 1 septembre 2011

Julley*, Danybad*, Tou djé tché*, Merci...

Avant de refermer cette grande page d'aventure qu'à été "Pèlerins d'altitude" pendant près de 6 mois et demi nous souhaitions adresser à tous nos proches, amis, compagnons de voyage et inconnus (qui ne le sont désormais plus!) un grand MERCI !!! Vos commentaires ont constitué un moteur fort qui nous a permis de surpasser nombre d'obstacles durant cette traversée himalayenne. Toujours pleins de tendresse et de sollicitude, ces petits "billets d'humeur" nous ont rappelé que même dans les contrées les plus reculées du globe, à des milliers de kilomètres de la France, nous n'avons pas été oublié...

En espérant que nos récits ont fait émerger chez certains lecteurs des envies de voyage et d'aventure. Nous attendons ainsi de pouvoir lire à notre tour le blog de l'un d'entre eux !

* Julley : merci en langue ladakhi
   Danybad : merci en langue indienne et népalaise
   Tou djé tché : merci en langue tibétaine

Ama Dablam, massif de l'Everest


lundi 29 août 2011

Puisqu'il faut une fin....

Tout doucement la chaleur du soleil vient réchauffer nos extrémités engourdies par le froid nocturne. Nous redescendons rapidement l’arête sommitale où se pressent désormais les groupes pour franchir le raidillon final. Au bas de la grande pente nous nous offrons une petite pause et partageons nos maigres vivres avec le guide sherpa d'une autre équipe de grimpeurs. Le glacier est vite avalé. Avant de replonger vers le camp de base nous jetons un dernier regard vers la cime du Stok Kangri comme pour nous assurer que tout cela n'a pas été qu'un rêve. Il est a peine 9 heure lorsque nous retrouvons Lotus sous la tente cuisine.
Le lendemain matin le mauvais temps se réinstalle sur les montagnes et c'est sous les flocons de neige que  nous replions les affaires. La pluie prendra le relais durant toute la descente vers le village de Stok.

De retour a Leh nous profiterons de nos derniers jours en terre Ladakhi pour bouquiner, se goinfrer de pâtisseries et se reposer de tant de kilomètres parcourus. Nous mettons aussi à profit ces quelques jours chômés pour rendre visite à nos amis moines de Saboo et jeter un œil à la librairie dont la construction a drôlement bien avancé.

Le 23 août au petit matin,  l'avion s'arrache lourdement de la piste poussiéreuse de Leh. Comme un dernier clin d’œil que nous feraient les montagnes himalayennes, nous contemplons enfin à travers le hublot la lointaine chaîne du Karakorum et ses sommets mythiques : le K2 et le Nanga Parbat. Peu a peu les hautes cimes s’éloignent et les nuages de la mousson reprennent du terrain. Nous atterrissons à Dehli dans une ambiance d'étuve qui nous fait rapidement regretter le doux climat d'altitude. Heureusement nous ne resterons que 24 heures dans cette mégalopole trop bruyante,  polluée et surpeuplée.

Le 25 aout, à 5 heures du matin, l'Airbus de la compagnie Turkish Airline s'engage sur la piste de l'Indira Gandhi International Airport. Sitôt le feu vert accordé par les contrôleurs aériens, les réacteurs mettent en branle la carlingue de l'appareil qui commence a prendre de la vitesse. 5, 4, 3, 2, 1, ... soudain la queue de l'avion se lève nous propulsant ainsi dans l'air déjà tiède du jour naissant. Les images des six derniers mois se bousculent dans nos têtes et déjà la nostalgie des longues journées de marche à travers les montagnes himalayennes nous guette. Nous nous promettons cependant de revenir un jour explorer d'autres vallées, gravir d'autres sommets, côtoyer d'autres peuples...  Ainsi se termine l'aventure !

mercredi 24 août 2011

Stok Kangri : petit flirt avec les nuages.

On ne s'imagine pas la quantité de détails qu'il faut régler avant de s'embarquer pour une telle expédition, si petite soit-elle ! Afin d’êtres autonomes et libres de nos choix, nous n'avons fait appel à aucune agence de trekking pour organiser la logistique. Ceci complique donc aisément les démarches. Néanmoins, grâce à Tenzin, nous trouvons un "donkey-man" (muletier). Puis, tous ensemble, nous partons arpenter le marché afin de réunir les vivres nécessaires à l'entreprise, trouver du carburant (pour le réchaud), acquérir les permis d'ascension, louer le matériel d'alpinisme (corde, piolet, crampons), etc. Afin de diminuer le temps de cuisson des aliments, nous faisons même l'acquisition d'une petite cocotte-minute toute neuve !

Enfin, au matin du 10 aout, l'ensemble du matériel est chargé à bord d'une jeep à destination de Stok, point de départ du trek. Sitôt les ânes bâtés, nous nous enfonçons silencieusement dans d’étroites vallées rocailleuses, peuplées par de gigantesques troupeaux de mouflons sauvages. Nous rallions ainsi le camp de base après deux courtes étapes, conscients que le succès d'une telle ascension dépend avant tout d'une bonne acclimatation.
Dans la soirée nous retrouvons Nicolas (randonneur que nous avons rencontré dans le Zanskar puis à Leh) et décidons d'unir nos destins et nos efforts dans la conquête du sommet. Le lendemain, nous parachevons notre acclimatation en allant explorer les moraines et le glacier du Golep Kangri, éprouvant notre condition physique jusqu’à l'altitude de 5400 mètres.
Mais les dieux semblent vouloir s'opposer à nos desseins car le soir-même les nuages s'en mêlent et viennent saupoudrer, 24 heures durant, les hautes cimes d'une épaisse couche de neige. A l'abri de notre tente le moral vacille et nos chances de réussite s'effilochent...
Par chance, nos prières soufflent la perturbation et le ciel retrouve un peu de sa sérénité.

Il est a peine 1 heure lorsque ce matin du 14 août nous amorçons nos premiers pas en direction de l'effroyable face plâtrée du Stok Kangri. Très rapidement nous traversons le glacier débonnaire afin de nous engager dans la grande pente de neige. Le rythme ralentit !
Une montée de 500 mètres puis une traversée horizontale nous conduisent sur le fil de la crête sommitale. Le ciel se voile alors et un froid mordant vient s'ajouter à la fatigue. A notre gauche se découvrent de vertigineux précipices. Pas vraiment le droit à l'erreur... Nous chaussons donc les crampons.
Pas après pas, mètre après mètre, nous gravissons les 200 derniers mètres qui nous séparent du point culminant. Autour de nous la brume se dissipe lentement. Soudain, au détour d'un dernier éperon rocheux, plus rien ne s'oppose à notre vue que le bleu du ciel. Au loin, le jour naissant vient embraser les hauts pics du Lahaul, du Spiti, du Zanskar et du Laddakh. Nous venons de gravir les 6154 mètres du Stok Kangri. Largyalo !!!! Une fois de plus, les dieux sont vainqueurs...



Lotus, notre muletier et compagnon d’expédition

Camp de base 

Glacier du Golep Kangri

Petite balade d'acclimatation

Hélène, Jonathan et Nicolas au sommet du Stok Kangri

Preuve à l'appui...

Au dessus de la mer de nuages

Face plâtrée au retour du sommet

mardi 16 août 2011

Itinérance cachemirie

Ce matin du 27 juillet, nous montons dans une jeep afin de rallier la ville de Manali. A travers les fenêtres défilent les glaciers du Lahaul. La route prend l'aspect d'un long serpent tentant de se frayer (parfois avec peine) un chemin a travers le relief tourmente. Nous arrivons bientôt au pied du Rothang La : ce col marque en quelque sorte la frontière climatique avec le reste de l'Inde. De l'autre cote de la passe la mousson fait son travail de sape, érodant chaque jour un peu plus la piste déjà précaire. Après plus de 8 heures de trajet nous arrivons enfin a Manali ou nous dénichons, a notre plus grande joie, une petite guest-house tranquille sur les hauteurs de la vieille-ville.
Les 2 jours qui suivent seront consacrés a la reconstitution de nos stocks lipidiques dans les nombreuses pâtisseries du "Old Manali".

Le 29 juillet au soir, nous quittons la "Suisse Indienne" pour nous rendre a Dharamsala, résidence du Dalai Lama en exil. Nous arrivons a Mac Leod Ganj en même temps que pointent les premières lueurs du jour. Beaucoup parlent de la ville comme étant la "petite Lhassa". Nous n'y voyons que des commerces et un palais  moderne qui n'a en rien le charme du Potala. Très rapidement nous étouffons dans les ruelles bruyantes de la cite. Décidés a ne pas moisir dans les parages, nous prenons un bus pour Jammu puis Srinagar, fuyant par la même occasion l'humidité insupportable de la mousson.

Plus les kilomètres défilent et plus la nostalgie de la marche nous gagne. Pres de 20 heures de trajet nous seront nécessaires pour gagner la capitale d'été du Cachemire. La, nous soufflons enfin, prenant un peu de répit sur une house-boat (maison flottante) du lac Dal. 3 jours durant nous sillonnerons tantôt les jardins mogols tantôt les ruelles pittoresques de la vieille-ville. Le soir venu, lorsque le disque solaire s'apprête à mourir dans les eaux du lac, nous parcourons a la rame les canaux et jardins flottants a bord d'une modeste Shikkara (barque a fond plat). Au loin résonnent les appels a la prière du muezzin, nous rappelant que nous sommes désormais en terre musulmane.

Nous repartons de Srinagar le 5 aout, certainement par la bande de macadam la plus dangereuse d'Inde. En effet, la région étant convoitée par le Pakistan, de nombreux combats se sont déroulés le long de cet axe-frontière. Les tensions se matérialisent ainsi par la présence massive de militaires le long de la route. Après une courte halte a Kargil, nous retrouvons enfin la quiétude des ruelles de Leh. La boucle est bouclée !

Le voyage touche désormais a sa fin mais avant de rentrer en France un dernier defi de taille nous attend : l'ascension du Stok Kangri, un sommet de plus de 6000 mètres qui trône en maitre sur les  hauteurs de Leh. Ainsi, l'aventure continue parmi les neiges éternelles du Laddakh...


Sur les flancs du Rothang La

Old Manali

Mac Leod Ganj

Shikkaras sur le Dal Lake

A la peche...

Martin-pecheur a l'affut

Jardin Moghol 

lundi 8 août 2011

Voyage aux sources du fleuve Zanskar

A Chilling, nous engloutissons rapidement notre soupe aux nouille puis repartons a l'assaut du Dundunchen La sous une chaleur assommante. La pente est si raide que chaque pas devient un défi constant qu'il nous faut relever face aux lois de la gravite. Aux déserts d'altitude succèdent des hauts pics déchiquetés que viennent couronner des glaciers funambules. A chaque pause, nos yeux d'alpinistes scrutent les aretes et les parois abruptes a la recherche d'improbables itinéraires. Conscients que plus de la moitie des sommets environnants sont encore vierges, nous nous promettons de revenir user nos doigts sur ces gigantesques dentelles de roc. Mais pour l'instant, l'heure est a la marche !

A Hinju, nous retrouvons la piste dont le trace amène désormais les véhicules jusqu'au village de Photoksar. Dédaignant le confort d'une jeep, nous userons deux jours durant nos semelles et notre moral sur cette autoroute pour trekkeurs. La fatigue accumulée lors des derniers jours nous impose a prendre un jour de repos dans le pittoresque village de Photoksar. Dans une humble maison accrochée a la falaise, une famille zanskari nous accueille sous son toit. Nous profiterons de cette journée sabbatique pour participer activement aux taches domestiques telles que la fabrication du beurre, la traite des chèvres et la préparation des repas. De ces moments simples partages avec nos hôtes, émergent rapidement des liens émotionnels forts.  Comme a chaque fois, nous repartons le coeur un peu lourd, laissant une part de nous même chez ces familles dont les valeurs humaines nous aurons tant fait grandir durant ces mois de voyage.

Sur le chemin du Senge La, nous surprenons le jeu des marmottes au milieu d'incroyables champs  d'Edelweiss. Décidément le Zanskar se fait désirer : il nous faudra encore franchir 4 cols avant de distinguer enfin, du haut du Parfi La, les eaux laiteuses du fleuve mythique. Deux fastidieuses journées seront consacrées a remonter sons cours jusqu'à la vaste plaine alluviale de Padum. C'est ici, dans ce triangle fertile, que nait le Zanskar, résultat d'une communion entre la Tsarap et la Dota.

Pas vraiment emballes par l'idée de marteler le macadam de la nouvelle route, nous optons pour le taxi local. Ainsi, nous voyagerons a l'arrière du pick-up, coincés entre les cageots de patates et de choux, afin de rallier le village de Ichar. De la, nous renouons avec la marche et les sentiers poussiéreux. Décidés a ne pas manquer la visite de Phuktal, nous faisons un petit détour afin d'aller dormir au pied du monastère le plus photogénique de la région. Le lendemain, nous rebroussons chemin et filons vers le hameau de Tangtse ou nous attendent Tenzin et Vincent*.
Nous nous offrons une "journée de congé" que nous occuperons a bavarder, manger, jouir de la simplicité des paysages, jouer avec les petites nièces de notre hôte, boire les nombreux thés au beurre, etc. Afin de clore cette journée d'oisiveté, nous nous offrons le luxe de dormir a la belle-étoile. Ce soir-la, les yeux perdus dans l'infini de la voute céleste, nous n'aurions échangé notre place contre aucun des palais de ce monde.

Peu a peu, les cultures d'orges s'effacent au profit des alpages d'altitude. Une fois de plus, la barrière himalayenne dressent devant nous une série de monolithes acérés. La brèche s'appelle Shingo La (5090m) et marque la sortie du Zanskar. De l'autre cote du col, nous entrons au Lahaul. Nous n'avons plus qu'à nous laisser rouler jusqu'à Darcha ou nous rejoignons la route Leh-Manali. Les jambes vont pouvoir souffler. C'en est fini de la marche (ou presque) ! Désormais, nous sillonnerons les montagnes du Cachemire en bus. L'aventure se prolonge donc par la biais de moyens motorises...


* Tenzin, Vincent (Lorraine), Frieder et Petra (Allemagne/Autriche), Lobsang, Padam, Angchuk, Odile et Remi (région parisienne) : trekkeurs et leur staff avec qui nous avons sympathisé le long du chemin et qui nous ont souvent accueillis sous leur tente pour partager un thé, une bière ou un repas.



Fabrication du beurre

Village de Photoksar

Monastère de Lingshed
 
Méditation somnolente



Plaine de Padum

Monastère semi-troglodyte de Phuktal
Kargiak au crépuscule
Champ d'Edelweiss
Shingo La (5090m)

jeudi 28 juillet 2011

Les déserts d'altitude du Ladakh

L'avion amorce sa descente et peu a peu les nuages de mousson se dissipent. A travers le hublot nous découvrons le paysage qui servira de décor a notre marche durant le mois a venir. Au dessous de nous s'étendent d'immenses massifs désertiques que viennent égayer quelques oasis de verdure et hauts sommets enneiges. L'aéroplane touche enfin le sol : nous entrons ainsi dans ce royaume que l'on qualifie souvent de "Petit Tibet". L'aventure peut continuer...

Le temps de trouver une guest-house et nous voila partis pour arpenter les librairies de Leh a la recherche d'une bonne carte de randonnée. Nous en trouvons finalement une pas trop mauvaise. Reste a définir un parcours qui soit en accord avec les nombreuses "restricted area" du coin. La frontière avec le Pakistan étant plutôt sensible, le nord de Leh nous est interdit. Nous marcherons donc vers le sud, remontant la vallée de la Markha afin de rattraper le Zanskar que nous comptons remonter jusqu'à la source. Mais avant d'attaquer un tel programme, nous décidons d'aller rendre une petite visite aux moines de l'institut de dialectique bouddhiste Ngari dont la librairie est actuellement financée par l'association KOPKUN*. Nous sommes accueillis avec tant d'hospitalité que nous resterons plusieurs jours au village de Saboo. Durant ce court séjour, les lamas nous prennent sous leur aile et nous permettent d'approfondir nos connaissances sur le bouddhisme et la culture ladakhi. Mais très vite nos jambes se remettent a fourmiller, nous commandant de reprendre notre itinérance.

Le 29 juin, au petit matin, nous faisons nos au-revoir aux moines et partons en direction du Gompa d'Hemis, point de départ de notre trekking. Très rapidement les psalmodies deviennent rumeurs et nous renouons avec le silence des montagnes. Autour de nous la géologie fait le spectacle exhibant ses plus belles formes et couleurs. Après 3 jours d'ascension lente, le passage du Konmaru La (5200m) nous ouvre les portes de la Markha Valley. A nos yeux s'offre un panorma privilégié sur le Kang Yatze (6300m) et sa coiffe de glace.
S'ensuit une lente descente a travers des gorges arides où chaque village, entouré de ses champs d'orge, prend l'aspect d'une oasis. Au soir venu nous optons parfois pour le confort (relatif !) d'un gite local. Dans chaque maison nous trouvons toujours les mêmes sourires et cette grande hospitalité qui caractérise si bien les peuples bouddhistes.
Peu après Skyu, la Markha vient diluer ses eaux dans celles du Zanskar. Nous traversons le "bouillon" a l'aide d'une nacelle scabreuse afin de rallier, sur l'autre rive, le petit hameau de Chilling. Commence alors un long cheminement qui va nous mener aux sources du fleuve Zanskar, mais ça, c'est une autre histoire...


* KOPKUN  : signifie "merci" en langue thai. L'objectif de cette association a but non lucratif, dont les parents d'Helene sont membres actifs, est de financer la création de bibliothèques aux quatre coins du monde facilitant ainsi l'accès a la connaissance aux plus démunis. Pour plus d'infos : http://www.association-arts-harmonie.org


Ancien Palais Royal de Leh

Ambiance monacale

Sommet du Kang Yatze (6300m)

Bergere ladakhi

Village de Markha

Un parfum de desert

Gompa de Skyu

vendredi 24 juin 2011

Serie noire

Samedi 18 juin, Hélène et moi-même nous aprêtons a traverser la Makhali Nadi et ainsi entrer en Inde mais notre ardeur est rapidement freinée. Nous ne sommes pas arrivés au bout du pont que déjà les douaniers indiens nous font signe de retourner cote népalais. Nous brandissons nos visas mais rien n'y fait. L'absence d'un bureau d'immigration a Dharchula nous condamne a franchir la frontière a Mahendranagar, soit 300 kms plus au sud. L’inflexibilité des fonctionnaires et la stupidité du système nous font hurler de rage...Nous sommes donc bons pour faire 19 heures de trajet dans un bus bondé (quand l’intérieur est plein, les passagers s'entassent sur le toit), cheminant  toujours sur des routes défoncées. Arriver a destination vivant tient du miracle. Assurément, rouler en bus au Népal permet d'accroitre sa ferveur religieuse !-) Nous comprenons désormais pourquoi les Tatas arborent tant d'images de divinités. Pour notre part, nous les invoquerons toutes : Shiva, Durga, Ganesh, Krishna, Buddha, etc.

Finalement, au petit matin, nous entrons enfin en Inde (tampon de l'Immigration office a l'appui) au village de Banbassa. A cette saison et a cette altitude la chaleur est écrasante (40 degrés). Un problème subsiste : nous n'avons toujours pas de carte topographique pour continuer en Uttaranchal. Nous prenons donc un bus pour Nainital dans l'espoir de trouver le précieux sésame. Nos espoirs sont rapidement balayes. La cite est certe touristique mais pas la moindre trace d'une carte digne de ce nom. Autour du lac s'alignent les hôtels de luxe. Nous peinons a trouver un hébergement bon marcher. Dans les rues, les riches indiens viennent dépenser sans vergogne leurs roupis.  Nous ne nous sentons pas vraiment a notre place. A nouveau il nous faut modifier nos plans et quitter l'endroit au plus vite si nous ne voulons pas voir nos économies fondre comme neige au soleil.

Le lendemain, nous prenons un bus de nuit pour Dehli avec la certitude de trouver une plus vaste documentation. La capitale, au style plutôt moderne, contraste fortement au reste du pays. Le bruit et l'agitation permanente ne nous incite pas a prendre racine. Pas plus d'ailleurs que le comportement des indiens à notre égard. Les sourires sont rares et les cas d’incivilités se répètent. Côté cartes, c'est le désert topographique. Le moral plonge. Nos plans s'effondrent comme un château de cartes. Début d’après-midi, nous prenons le chemin de l’aéroport. Destination Leh au Ladakh. De la, il nous faudra improviser... une fois de plus ! Chose certaine :  le relief spécifique de la région nous coupera de la mousson et la haute altitude nous apportera un peu de fraicheur. Malgré tous ces problèmes notre volonté de continuer le voyage perdure. Ainsi l'aventure continuera au Cachemire...



Attente à l'aéroport de Dehli

vendredi 17 juin 2011

Petit apercu d'un hopital de campagne

Depuis notre arrivée a Darchula, ma diarrhée reprend du service. Nous décidons donc d'aller consulter a "l'hôpital" du district. Le bâtiment ne s'avère pas bien grand et il règne a l'intérieur une cohue extraordinaire. Bien évidemment pas de bureau des admissions. Les murs sont décrépis et il flotte a l'intérieur du lieux une odeur désagréable. Nous arpentons un bon moment les couloirs avant de trouver un infirmier qui veuille bien nous aiguiller. Les salles de consultation sont prises d'assaut et dans les couloirs les malades sont allonges sur des lits archaïques, livres a la chaleur humide de la mousson. Finalement nous rencontrons le chef de clinique qui nous prend sous son aile et m'ausculte. Il m'envoie ensuite vers le laboratoire pour réaliser des analyses sanguines et bactériologiques. Devant la salle de prélèvement, un grand gaillard complétement fou se met a nous parler en faisant de grands gestes maladroits. Il s'avère que c'est lui le préleveur... Je commence a flipper ! Une fois installe sur un banc on sort une seringue (heureusement neuve et stérile) et du coton alcoolisé que l'on pose sur le plan de travail dégueulasse. Je redemande un coton neuf et l'infirmier réitère la même erreur. Bien évidemment ce dernier ne prendra pas la peine de se laver les mains ni de mettre des gants avant de piquer.  Je suis prêt a détaler comme un lapin mais Hélène me raisonne.
S'ensuit le prélèvement des selles dans des toilettes a faire pâlir plus d'un aventurier. Nous restons hallucinés par le manque de précautions et d'hygiène. En parlant avec un responsable, nous apprenons qu'il n'y a pas de véritables médecins dans le dispensaire. Tout juste des assistants médicaux... Finalement, au bout de 2 heures mes résultats tombent : un ver et une bactérie. Pas de quoi s'alarmer ! On me donne donc le traitement a suivre et je repars vite fait avec mes pilules sous le bras. Voila un petit récit des conditions sanitaires que l'on peut trouver au Népal. Malheureusement ce cas se répète partout dans le pays. Un gros travail reste a faire pour améliorer les conditions médicales dans ces régions trop éloignées de la capitale. Pour ma part, je ne conseil a personne de tomber malade dans les parages ;-) même si les médicaments prescrits semblent effacer doucement mes maux...

Prescription et médicaments

mercredi 15 juin 2011

Il etais une fois dans l'ouest ...

En quittant Jumla, nous laissons définitivement le "Népal Touristique" dans le rétroviseur. Rares sont les occidentaux qui viennent se perdre dans les parages. Nous sommes de ceux la !-) Le jeu reste toujours le même : monter d'abruptes versants, rejoindre le col et dégringoler de l'autre coté, dans le fond du vallon ! L'opération se répète ainsi inlassablement chaque jour.
Au bord du lac Rara (le plus grand du Népal), la mousson nous rattrape. Nous prenons la douche deux jours durant. Voyant les locaux parader avec leurs beaux parapluies, nous décidons d'acheter deux "Super Ombrella". Ils seront nos instruments les plus précieux durant les mois a venir!
Finalement le soleil décide de jouer les prolongation. Et avec lui, le mercure amorce une montée vertigineuse. Chaleur + humidité = étuve. Nous subissons donc la "cuisson vapeur" dans les interminables montées qui ponctuent notre parcours. Par chance et surtout grâce a l'extrême hospitalité des népalais nous trouvons chaque soir un toit pour dormir et nous restaurer.

Le paysage se compose désormais essentiellement de cultures en terrasse. C'est le temps des moissons et partout dans les champs les paysans s'activent tels des fourmis. Pendant que les femmes récoltent les épis mures, les hommes battent le ble ou labourent les rizières pour y repiquer les jeunes pousses de riz en vue de la prochaine récolte. Les techniques sont ancestrales et demandent un travail titanesque.
Nos journées de marche sont longues. Elles dépassent presque toujours les sept heures d'effort. Mais le soir venu, notre peine s'allège en contemplant les distances parcourues sur la carte.
A Sela, notre progression est ralentie. Cette fois-ci c'est moi qui tombe malade. C 'est la tempête sous mon nombril. Aussi, deux jours durant, mon univers se restreindra entre le lit et les fourrés. L'orage passe... et nous repartons de plus belle.
Après Sipti, nous franchissons notre dernier col népalais. Au loin, gronde le bouillon de la Makhali Nadi. La frontière indienne est la, juste devant nous. Nous osons a peine y croire : nous venons de traverser l'Himalaya Népalais a pied !



Le Lac Rara (3000 m)


Chèvres bâtées


Patchwork agricole


Préparation des rizières


Frontière indo-népalaise sur la Makhali Nadi


Atelier roulage de chapatis

vendredi 27 mai 2011

Petite chronique des cimes

Notre itinérance au Dolpo nous ayant bien affaibli, Hélène et moi tombons malades a Juphal. Crampes d'estomac et fièvre nous clouent au lit pendant pres de 2 jours. Finalement nous repartons sur les chemins malgré l'état de grande faiblesse d'Hélène. La journée sera ponctuée d'arrêts précipités derrières les buissons...
Le projet vacille et nous hésitons a y mettre un terme pour aller consulter un bon médecin a Kathmandou. Nous nous laissons la nuit pour espérer une guérison miracle. Le lendemain, la "forme" est un peu revenue. Ainsi, l'aventure peut continuer.

Les paysages désertiques du Dolpo sont bel et bien oublies. Nous évoluons désormais tantôt dans de grandes forets de conifères tantôt sur les estives ou paissent de petits troupeaux de chèvres et de brebis. Il souffle par ici  un petit air alpin ! Dans ce petit coin oublié des touristes, nous entretenons des échanges sincères et désintéressés avec les locaux. Et toujours ces larges sourires qui ponctuent chaque Namaste que nous prononçons.

A Garyankot, nous faisons la connaissance de Dan. Ce jeune népalais, diplômé en sciences sociales, a mis en place dans son village un projet de développement visant a améliorer les conditions de vie des population. Ainsi, en compagnie de tout le staff de la "Karnali Alliance of Development", nous visitons un des 4 "learning center" (école qui intègre les enfants en grande difficulté sociale et les orphelins) mis en place il y a peu de temps. Comme partout au Népal, chaque initiative se heurte a la lenteur du système administratif mais la passion et la détermination de ces jeunes ultra-motives semble porter ses fruits. Nous quittons nos hôtes avec dans les esprits une lueur d'espoir quant au développement de ces zones rurales trop souvent laissées pour compte par un gouvernement obsolète.

Enfin, nous rallions Jumla, dernière grosse bourgade avant la frontière indienne. Nous nous aprêtons donc à plonger dans ce que les locaux appellent le "far-west", dernière étape de notre traversée de l'Himalaya népalais.

PS : La région que nous nous aprêtons a traverser semble loin de tout modernisme. Pas d'inquiétudes à avoir : les prochaines nouvelles viendront probablement d'Inde, d'ici un petit mois.
Quant aux photos, nous les publions dès que  possible. L'électricité tout comme le réseau, eux aussi semblent venir a pied ;-)

Le temps des moissons

Bivouaque près de Chaurikot

Sommet du Maure Lagna (3894m)

Le staff de la Karnali Alliance of development

Femme au retour des champs

jeudi 26 mai 2011

Mustang et Dolpo : les Royaumes interdits !

En arrivant a Kagbeni, nous apprenons que pour rallier les Bas-Dolpo il nous faut emprunter un chemin qui se trouve dans la "restricted area" du Haut-Mustang. Le fonctionnaire zèle nous fait savoir que sans permis special, nous ne passerons pas. Et ce permis ne s'obtient qu'a... Kathmandou ! Un mois de marche anéanti par la rigueur stupide de l'administration népalaise. Une seule solution si nous voulons continuer : passer le check-post de nuit et entrer ainsi illégalement au Mustang. Nous risquons gros, mais nous avons trop transpiré pour en arriver là.
Le 7 mai, vers trois heures du matin, c'est avec la boule au ventre que nous quittons la guest-house. Nous traversons les ruelles étroites a pas feutrés. Soudain, au détour d'un chorten, un chien sonne l'alarme. Nous hâtons le pas mais sitôt passé le poste de contrôle une torche s'allume derrière nous. Un homme s'approche, nous salue puis continu sa route. Nous expirons tout l'air de nos poumons !
Nous traversons la rivière dans le noir le plus complet, trébuchant souvent sur les cailloux qui bordent la piste. Prenant rapidement de l'altitude, nous rallions un plateau dominant le village. Étant ainsi a l'abri des regards, nous attendrons le lever du jour pour continuer a marcher. Vers 10 heures, loin de toute habitation, nous trouvons une grotte dans laquelle nous rattrapons quelques heures de sommeil. Nous savourons notre victoire : nous sommes entrés au Mustang !

Notre principale difficulté sera désormais le ravitaillement. Par ici, les villages sont parfois distants de plusieurs jours de marche. A Santa, nous sommes accueillis pour la nuit par une famille de paysans. Nous y goutons notre premier thé tibétain (sel et beurre de yack). 3 cols a plus de 5000 mètres et 3 jours de marche dans des montagnes désertiques nous serons nécessaires pour rallier le Dolpo.
Sur la route qui mène a Charka Bhote, nous croisons plusieurs campement de bergers nomades. Sous les tentes en laine de yack, on nous invite cordialement a boire le thé accompagne de tsampa (farine d'orge grillée). Nos échanges sont simples, faits de gestes et de nos quelques mots de népalais. Malgré cela, nous nous comprenons. Il semblerait que le langage du coeur, lui, soit universel !
Chaque jour, nous évoluons dans les décors qui ont inspire le film d'Eric Valli "Himalaya, l'enfance d'un chef". A près de 4500 mètres, les journées sont éreintantes. Souvent il nous faut inventer notre propre chemin. Parfois la neige couronne les cols, rendant la progression encore plus difficile. Nos repas sont maigres, composés de tsampa et de soupes chinoises. Nous fondons littéralement sous le poids de l'effort. La beauté et la simplicité des paysages constituent notre récompense.
Devant le Numala (col séparant la vallée de Dho de celle de Poksundo), il nous faut nous rendre a l'évidence : trop de neige, plus assez d'énergie. Nous descendons donc vers Dunai en suivant 4 jours durant le cours de la Thuli Bheri Nadi.


Grotte providentielle

Village de Santa

Le drapeau des amis trône désormais au sommet du Jungben la (5550m)

Bergers du Dolpo

Fenêtre nomade

Charka Bhote

Visage d'enfant