vendredi 27 mai 2011

Petite chronique des cimes

Notre itinérance au Dolpo nous ayant bien affaibli, Hélène et moi tombons malades a Juphal. Crampes d'estomac et fièvre nous clouent au lit pendant pres de 2 jours. Finalement nous repartons sur les chemins malgré l'état de grande faiblesse d'Hélène. La journée sera ponctuée d'arrêts précipités derrières les buissons...
Le projet vacille et nous hésitons a y mettre un terme pour aller consulter un bon médecin a Kathmandou. Nous nous laissons la nuit pour espérer une guérison miracle. Le lendemain, la "forme" est un peu revenue. Ainsi, l'aventure peut continuer.

Les paysages désertiques du Dolpo sont bel et bien oublies. Nous évoluons désormais tantôt dans de grandes forets de conifères tantôt sur les estives ou paissent de petits troupeaux de chèvres et de brebis. Il souffle par ici  un petit air alpin ! Dans ce petit coin oublié des touristes, nous entretenons des échanges sincères et désintéressés avec les locaux. Et toujours ces larges sourires qui ponctuent chaque Namaste que nous prononçons.

A Garyankot, nous faisons la connaissance de Dan. Ce jeune népalais, diplômé en sciences sociales, a mis en place dans son village un projet de développement visant a améliorer les conditions de vie des population. Ainsi, en compagnie de tout le staff de la "Karnali Alliance of Development", nous visitons un des 4 "learning center" (école qui intègre les enfants en grande difficulté sociale et les orphelins) mis en place il y a peu de temps. Comme partout au Népal, chaque initiative se heurte a la lenteur du système administratif mais la passion et la détermination de ces jeunes ultra-motives semble porter ses fruits. Nous quittons nos hôtes avec dans les esprits une lueur d'espoir quant au développement de ces zones rurales trop souvent laissées pour compte par un gouvernement obsolète.

Enfin, nous rallions Jumla, dernière grosse bourgade avant la frontière indienne. Nous nous aprêtons donc à plonger dans ce que les locaux appellent le "far-west", dernière étape de notre traversée de l'Himalaya népalais.

PS : La région que nous nous aprêtons a traverser semble loin de tout modernisme. Pas d'inquiétudes à avoir : les prochaines nouvelles viendront probablement d'Inde, d'ici un petit mois.
Quant aux photos, nous les publions dès que  possible. L'électricité tout comme le réseau, eux aussi semblent venir a pied ;-)

Le temps des moissons

Bivouaque près de Chaurikot

Sommet du Maure Lagna (3894m)

Le staff de la Karnali Alliance of development

Femme au retour des champs

jeudi 26 mai 2011

Mustang et Dolpo : les Royaumes interdits !

En arrivant a Kagbeni, nous apprenons que pour rallier les Bas-Dolpo il nous faut emprunter un chemin qui se trouve dans la "restricted area" du Haut-Mustang. Le fonctionnaire zèle nous fait savoir que sans permis special, nous ne passerons pas. Et ce permis ne s'obtient qu'a... Kathmandou ! Un mois de marche anéanti par la rigueur stupide de l'administration népalaise. Une seule solution si nous voulons continuer : passer le check-post de nuit et entrer ainsi illégalement au Mustang. Nous risquons gros, mais nous avons trop transpiré pour en arriver là.
Le 7 mai, vers trois heures du matin, c'est avec la boule au ventre que nous quittons la guest-house. Nous traversons les ruelles étroites a pas feutrés. Soudain, au détour d'un chorten, un chien sonne l'alarme. Nous hâtons le pas mais sitôt passé le poste de contrôle une torche s'allume derrière nous. Un homme s'approche, nous salue puis continu sa route. Nous expirons tout l'air de nos poumons !
Nous traversons la rivière dans le noir le plus complet, trébuchant souvent sur les cailloux qui bordent la piste. Prenant rapidement de l'altitude, nous rallions un plateau dominant le village. Étant ainsi a l'abri des regards, nous attendrons le lever du jour pour continuer a marcher. Vers 10 heures, loin de toute habitation, nous trouvons une grotte dans laquelle nous rattrapons quelques heures de sommeil. Nous savourons notre victoire : nous sommes entrés au Mustang !

Notre principale difficulté sera désormais le ravitaillement. Par ici, les villages sont parfois distants de plusieurs jours de marche. A Santa, nous sommes accueillis pour la nuit par une famille de paysans. Nous y goutons notre premier thé tibétain (sel et beurre de yack). 3 cols a plus de 5000 mètres et 3 jours de marche dans des montagnes désertiques nous serons nécessaires pour rallier le Dolpo.
Sur la route qui mène a Charka Bhote, nous croisons plusieurs campement de bergers nomades. Sous les tentes en laine de yack, on nous invite cordialement a boire le thé accompagne de tsampa (farine d'orge grillée). Nos échanges sont simples, faits de gestes et de nos quelques mots de népalais. Malgré cela, nous nous comprenons. Il semblerait que le langage du coeur, lui, soit universel !
Chaque jour, nous évoluons dans les décors qui ont inspire le film d'Eric Valli "Himalaya, l'enfance d'un chef". A près de 4500 mètres, les journées sont éreintantes. Souvent il nous faut inventer notre propre chemin. Parfois la neige couronne les cols, rendant la progression encore plus difficile. Nos repas sont maigres, composés de tsampa et de soupes chinoises. Nous fondons littéralement sous le poids de l'effort. La beauté et la simplicité des paysages constituent notre récompense.
Devant le Numala (col séparant la vallée de Dho de celle de Poksundo), il nous faut nous rendre a l'évidence : trop de neige, plus assez d'énergie. Nous descendons donc vers Dunai en suivant 4 jours durant le cours de la Thuli Bheri Nadi.


Grotte providentielle

Village de Santa

Le drapeau des amis trône désormais au sommet du Jungben la (5550m)

Bergers du Dolpo

Fenêtre nomade

Charka Bhote

Visage d'enfant

jeudi 5 mai 2011

La vallee des Annapurnas

La piste s'efface lentement a mesure que nous nous enfonçons dans la vallée de la Marsyangdi Nadi. Il continu de faire chaud malgré la proximité du torrent. Depuis quelques jours, les sommets, certainement trop pudiques, se sont pares d'un épais voile de nuages. Nous enrageons car il nous tarde de découvrir les parois vertigineuses qui nous entourent. Vers Dharapani, la vallée s'évase et les forêts de pins refont leur apparition. Enfin, le voile de brume tombe, laissant apparaitre les crocs majestueux de l'Annapurna 2 (7937m) et 4 (7525m).
Avec l'altitude la végétation perd du terrain cédant ainsi la place a la roche. Le vent et la pluie ont sculpté d'étranges formes dans les falaises qui bordent le chemin. Sur ces dernières viennent s'accrocher d'antiques villages en pierre et leurs monastères. Le paysage est si magique que nous avons l'impression d'évoluer dans un livre d'image dont nous tournons chaque jour une nouvelle page.
Après avoir quitte le village-forteresse de Manang, nous dirigeons nos pas vers les estives de Ledar ou d'innombrables troupeaux de yacks paissent sous la surveillance de bergers nomades. L'air se rafraichit et c'est sous la neige que nous atteignons Thorong Phedi. Le lendemain, le ciel a retrouve sa sérénité et nous nous envolons vers notre quatrième col a plus de 5000m : le Thorong La.
Nous quittons la vallée des Annapurnas et entrons au Mustang. Le règne du minéral est désormais établit. Seules subsistent quelques oasis ou les jeunes pousses d'orge viennent contraster avec les ocres des dunes alentours. Partout les lungtas claquent au vent. Nous sommes en terres bouddhistes, dans un ancien royaume qui appartenait jadis au Tibet. Au loin la pyramide du Dhaulagiri vient compléter ce tableau enchanteur !

A Muktinah nous prenons un jour de repos avant de poursuivre notre longue marche vers le Dolpo. Cette région encore appelée "la forteresse dans le château" tant son enclavement est important, va nous amener a la rencontre de ces célèbres caravanes qui amènent le sel du tibet vers les plaines fertiles du sud népalais. Ainsi, l'aventure continue...

C'est par là...
Au sommet du Thorong la (5450m)
Vue sur le Daulaghiri
Kagbeni (Mustang)
Village de Manang

Annapurna 2 (7937m)






lundi 2 mai 2011

Jeu de pistes

Ce matin du 16 Avril, le bus s'éloigne lentement de Kathmandou  laissant derrière lui le brouhaha et la pollution de la capitale. Nous retrouvons avec délectation la sérénité des montagnes népalaises. A Akkhare Bazar, nous renouons avec la marche. Les sacs, remplis de toutes les bonnes choses que nous ont apporté les parents d'Hélène, nous paraissent trop lourds. Nous nous attelons donc (avec une certaine méthode !) à régler rapidement leur compte a tous les chocolats et autres sucreries...
 La région étant très peu touristique, il n'existe pas de véritable chemin de trekking. Ainsi nous évoluons souvent sur de petites sentes reliant les villages entre eux. Parfois ces dernières s'effacent ou viennent se perdre dans les rizières. Très souvent il nous faut improviser avec le relief mais toujours nos pas nous amènent dans la bonne direction. Il est désormais certain que tout la-haut brille une bonne étoile pour les voyageurs a pied.

Peu après Kimtan, la piste succède aux sentiers. L'altitude modeste a laquelle nous évoluons engendre de fait une augmentation significative du mercure. Des 10 heures du matin, le soleil de plomb rend l'air aussi chaud qu'un feu de forge. Nous suons toute l'eau de notre corps en arpentant des jours durant ces chemins de poussière. Pendant ces heures monotones ou chaque caillou ressemble au précèdent nous parlons peu. Des lors chacun s'extrait dans un monde intérieur qui lui est propre, égrenant ainsi les kilomètres comme on tourne les perles d'un chapelet. Le soir, lorsque nos muscles cessent de nous porter, nous quémandons un repas et un toit pour la nuit, ce que l'on ne nous refuse jamais !

Enfin, après 10 jours d'effort, nous arrivons enfin a Besisahar. Cette petite ville marque notre entrée dans la région des Annapurnas. La piste s'arrête ici. Une page se tourne. Une nouvelle aventure commence...