En arrivant a Kagbeni, nous apprenons que pour rallier les Bas-Dolpo il nous faut emprunter un chemin qui se trouve dans la "restricted area" du Haut-Mustang. Le fonctionnaire zèle nous fait savoir que sans permis special, nous ne passerons pas. Et ce permis ne s'obtient qu'a... Kathmandou ! Un mois de marche anéanti par la rigueur stupide de l'administration népalaise. Une seule solution si nous voulons continuer : passer le check-post de nuit et entrer ainsi illégalement au Mustang. Nous risquons gros, mais nous avons trop transpiré pour en arriver là.
Le 7 mai, vers trois heures du matin, c'est avec la boule au ventre que nous quittons la guest-house. Nous traversons les ruelles étroites a pas feutrés. Soudain, au détour d'un chorten, un chien sonne l'alarme. Nous hâtons le pas mais sitôt passé le poste de contrôle une torche s'allume derrière nous. Un homme s'approche, nous salue puis continu sa route. Nous expirons tout l'air de nos poumons !
Nous traversons la rivière dans le noir le plus complet, trébuchant souvent sur les cailloux qui bordent la piste. Prenant rapidement de l'altitude, nous rallions un plateau dominant le village. Étant ainsi a l'abri des regards, nous attendrons le lever du jour pour continuer a marcher. Vers 10 heures, loin de toute habitation, nous trouvons une grotte dans laquelle nous rattrapons quelques heures de sommeil. Nous savourons notre victoire : nous sommes entrés au Mustang !
Notre principale difficulté sera désormais le ravitaillement. Par ici, les villages sont parfois distants de plusieurs jours de marche. A Santa, nous sommes accueillis pour la nuit par une famille de paysans. Nous y goutons notre premier thé tibétain (sel et beurre de yack). 3 cols a plus de 5000 mètres et 3 jours de marche dans des montagnes désertiques nous serons nécessaires pour rallier le Dolpo.
Sur la route qui mène a Charka Bhote, nous croisons plusieurs campement de bergers nomades. Sous les tentes en laine de yack, on nous invite cordialement a boire le thé accompagne de tsampa (farine d'orge grillée). Nos échanges sont simples, faits de gestes et de nos quelques mots de népalais. Malgré cela, nous nous comprenons. Il semblerait que le langage du coeur, lui, soit universel !
Chaque jour, nous évoluons dans les décors qui ont inspire le film d'Eric Valli "Himalaya, l'enfance d'un chef". A près de 4500 mètres, les journées sont éreintantes. Souvent il nous faut inventer notre propre chemin. Parfois la neige couronne les cols, rendant la progression encore plus difficile. Nos repas sont maigres, composés de tsampa et de soupes chinoises. Nous fondons littéralement sous le poids de l'effort. La beauté et la simplicité des paysages constituent notre récompense.
Devant le Numala (col séparant la vallée de Dho de celle de Poksundo), il nous faut nous rendre a l'évidence : trop de neige, plus assez d'énergie. Nous descendons donc vers Dunai en suivant 4 jours durant le cours de la Thuli Bheri Nadi.
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Grotte providentielle |
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Village de Santa |
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Le drapeau des amis trône désormais au sommet du Jungben la (5550m) |
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Bergers du Dolpo |
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Fenêtre nomade |
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Charka Bhote |
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Visage d'enfant |