vendredi 24 juin 2011

Serie noire

Samedi 18 juin, Hélène et moi-même nous aprêtons a traverser la Makhali Nadi et ainsi entrer en Inde mais notre ardeur est rapidement freinée. Nous ne sommes pas arrivés au bout du pont que déjà les douaniers indiens nous font signe de retourner cote népalais. Nous brandissons nos visas mais rien n'y fait. L'absence d'un bureau d'immigration a Dharchula nous condamne a franchir la frontière a Mahendranagar, soit 300 kms plus au sud. L’inflexibilité des fonctionnaires et la stupidité du système nous font hurler de rage...Nous sommes donc bons pour faire 19 heures de trajet dans un bus bondé (quand l’intérieur est plein, les passagers s'entassent sur le toit), cheminant  toujours sur des routes défoncées. Arriver a destination vivant tient du miracle. Assurément, rouler en bus au Népal permet d'accroitre sa ferveur religieuse !-) Nous comprenons désormais pourquoi les Tatas arborent tant d'images de divinités. Pour notre part, nous les invoquerons toutes : Shiva, Durga, Ganesh, Krishna, Buddha, etc.

Finalement, au petit matin, nous entrons enfin en Inde (tampon de l'Immigration office a l'appui) au village de Banbassa. A cette saison et a cette altitude la chaleur est écrasante (40 degrés). Un problème subsiste : nous n'avons toujours pas de carte topographique pour continuer en Uttaranchal. Nous prenons donc un bus pour Nainital dans l'espoir de trouver le précieux sésame. Nos espoirs sont rapidement balayes. La cite est certe touristique mais pas la moindre trace d'une carte digne de ce nom. Autour du lac s'alignent les hôtels de luxe. Nous peinons a trouver un hébergement bon marcher. Dans les rues, les riches indiens viennent dépenser sans vergogne leurs roupis.  Nous ne nous sentons pas vraiment a notre place. A nouveau il nous faut modifier nos plans et quitter l'endroit au plus vite si nous ne voulons pas voir nos économies fondre comme neige au soleil.

Le lendemain, nous prenons un bus de nuit pour Dehli avec la certitude de trouver une plus vaste documentation. La capitale, au style plutôt moderne, contraste fortement au reste du pays. Le bruit et l'agitation permanente ne nous incite pas a prendre racine. Pas plus d'ailleurs que le comportement des indiens à notre égard. Les sourires sont rares et les cas d’incivilités se répètent. Côté cartes, c'est le désert topographique. Le moral plonge. Nos plans s'effondrent comme un château de cartes. Début d’après-midi, nous prenons le chemin de l’aéroport. Destination Leh au Ladakh. De la, il nous faudra improviser... une fois de plus ! Chose certaine :  le relief spécifique de la région nous coupera de la mousson et la haute altitude nous apportera un peu de fraicheur. Malgré tous ces problèmes notre volonté de continuer le voyage perdure. Ainsi l'aventure continuera au Cachemire...



Attente à l'aéroport de Dehli

vendredi 17 juin 2011

Petit apercu d'un hopital de campagne

Depuis notre arrivée a Darchula, ma diarrhée reprend du service. Nous décidons donc d'aller consulter a "l'hôpital" du district. Le bâtiment ne s'avère pas bien grand et il règne a l'intérieur une cohue extraordinaire. Bien évidemment pas de bureau des admissions. Les murs sont décrépis et il flotte a l'intérieur du lieux une odeur désagréable. Nous arpentons un bon moment les couloirs avant de trouver un infirmier qui veuille bien nous aiguiller. Les salles de consultation sont prises d'assaut et dans les couloirs les malades sont allonges sur des lits archaïques, livres a la chaleur humide de la mousson. Finalement nous rencontrons le chef de clinique qui nous prend sous son aile et m'ausculte. Il m'envoie ensuite vers le laboratoire pour réaliser des analyses sanguines et bactériologiques. Devant la salle de prélèvement, un grand gaillard complétement fou se met a nous parler en faisant de grands gestes maladroits. Il s'avère que c'est lui le préleveur... Je commence a flipper ! Une fois installe sur un banc on sort une seringue (heureusement neuve et stérile) et du coton alcoolisé que l'on pose sur le plan de travail dégueulasse. Je redemande un coton neuf et l'infirmier réitère la même erreur. Bien évidemment ce dernier ne prendra pas la peine de se laver les mains ni de mettre des gants avant de piquer.  Je suis prêt a détaler comme un lapin mais Hélène me raisonne.
S'ensuit le prélèvement des selles dans des toilettes a faire pâlir plus d'un aventurier. Nous restons hallucinés par le manque de précautions et d'hygiène. En parlant avec un responsable, nous apprenons qu'il n'y a pas de véritables médecins dans le dispensaire. Tout juste des assistants médicaux... Finalement, au bout de 2 heures mes résultats tombent : un ver et une bactérie. Pas de quoi s'alarmer ! On me donne donc le traitement a suivre et je repars vite fait avec mes pilules sous le bras. Voila un petit récit des conditions sanitaires que l'on peut trouver au Népal. Malheureusement ce cas se répète partout dans le pays. Un gros travail reste a faire pour améliorer les conditions médicales dans ces régions trop éloignées de la capitale. Pour ma part, je ne conseil a personne de tomber malade dans les parages ;-) même si les médicaments prescrits semblent effacer doucement mes maux...

Prescription et médicaments

mercredi 15 juin 2011

Il etais une fois dans l'ouest ...

En quittant Jumla, nous laissons définitivement le "Népal Touristique" dans le rétroviseur. Rares sont les occidentaux qui viennent se perdre dans les parages. Nous sommes de ceux la !-) Le jeu reste toujours le même : monter d'abruptes versants, rejoindre le col et dégringoler de l'autre coté, dans le fond du vallon ! L'opération se répète ainsi inlassablement chaque jour.
Au bord du lac Rara (le plus grand du Népal), la mousson nous rattrape. Nous prenons la douche deux jours durant. Voyant les locaux parader avec leurs beaux parapluies, nous décidons d'acheter deux "Super Ombrella". Ils seront nos instruments les plus précieux durant les mois a venir!
Finalement le soleil décide de jouer les prolongation. Et avec lui, le mercure amorce une montée vertigineuse. Chaleur + humidité = étuve. Nous subissons donc la "cuisson vapeur" dans les interminables montées qui ponctuent notre parcours. Par chance et surtout grâce a l'extrême hospitalité des népalais nous trouvons chaque soir un toit pour dormir et nous restaurer.

Le paysage se compose désormais essentiellement de cultures en terrasse. C'est le temps des moissons et partout dans les champs les paysans s'activent tels des fourmis. Pendant que les femmes récoltent les épis mures, les hommes battent le ble ou labourent les rizières pour y repiquer les jeunes pousses de riz en vue de la prochaine récolte. Les techniques sont ancestrales et demandent un travail titanesque.
Nos journées de marche sont longues. Elles dépassent presque toujours les sept heures d'effort. Mais le soir venu, notre peine s'allège en contemplant les distances parcourues sur la carte.
A Sela, notre progression est ralentie. Cette fois-ci c'est moi qui tombe malade. C 'est la tempête sous mon nombril. Aussi, deux jours durant, mon univers se restreindra entre le lit et les fourrés. L'orage passe... et nous repartons de plus belle.
Après Sipti, nous franchissons notre dernier col népalais. Au loin, gronde le bouillon de la Makhali Nadi. La frontière indienne est la, juste devant nous. Nous osons a peine y croire : nous venons de traverser l'Himalaya Népalais a pied !



Le Lac Rara (3000 m)


Chèvres bâtées


Patchwork agricole


Préparation des rizières


Frontière indo-népalaise sur la Makhali Nadi


Atelier roulage de chapatis